Du 7 au 10 octobre 2021 se tenait à Savennières, dans le Maine et Loire, le festival « Terres à vins, Terres à livres » présidé par Danièle Sallenave. Le vendredi après-midi, deux auteurs de l’Académie française, Daniel Rondeau et Chantal Thomas, ont été mis à l’honneur dans un jeu de questions-réponses avec des étudiants d’Angers.
Le deuxième week-end d’octobre a été riche en festivals littéraires. Entre la 25e édition des journées nationales du livre et du vin à Saumur ou encore le salon du livre « Faites lire ! » au Mans, c’est à Savennières que les M2 Édition ont décidé de s’arrêter. Petite commune des bords de Loire située à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest d’Angers, surtout connue pour ses vins blancs secs, il s’y tient chaque année le festival littéraire « Terres à Vins, Terres à Livres » présidé par l’académicienne Danièle Sallenave.
Pour cette 15e édition, décalée d’un an en raison de la pandémie, les invités étaient les écrivains et académiciens Chantal Thomas et Daniel Rondeau. Au programme, des rencontres, des soirées, des conférences et un pique-nique. La librairie Lhériau (Angers) était également de la partie avec une large sélection de romans des trois auteurs.
L’après-midi du vendredi était consacrée à des échanges entre les écrivains et des étudiants d’Angers. Traditionnellement organisée en présence d’étudiants de licence littéraire de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO), et pour la première fois des étudiants du M2 Édition de l’Université d’Angers (UA), la rencontre a réuni une soixantaine de personnes.
Une discussion riche et animée
C’est dans la bonne humeur et après avoir pris le temps de déguster un crumble conseillé par la présidente que les auteurs sont arrivés pour se consacrer aux questions des étudiants. La littérature de voyage, les relations entre auteurs et éditeurs, la solitude de l’écrivain, l’Académie française ou encore les interactions entre la littérature et les films, autant de thèmes qui ont été abordés durant cet après-midi, dans une ambiance à la fois drôle et conviviale.
Durant la discussion, des sujets concernant plus directement l’édition ont aussi été évoqués, comme par exemple la première publication de chacun des trois écrivains. Un point commun, cela s’est fait sans trop de difficulté. Chantal Thomas a quasiment été mise devant le fait accompli : partie aux États-Unis après avoir fini sa thèse sur Sade avec Roland Barthes, elle a été surprise de recevoir un appel des éditions Payot qui souhaitaient publier son texte alors qu’elle ne l’avait même pas soumis ! Une amie à elle, bien intentionnée, l’avait en effet proposé sans l’en avertir. Danièle Sallenave n’a pas non plus eu besoin d’envoyer de manuscrit, son amie éditrice et voisine lui ayant demandé d’écrire pour une revue tout juste créée. Daniel Rondeau, quant à lui, a reçu deux réponses positives simultanées des deux éditeurs sollicités, Grasset et Le Seuil, pour son Chagrin Lorrain, publié en 1979.
Les échanges se sont poursuivis sur le rôle des éditeurs et leurs liens avec les auteurs. Selon Daniel Rondeau, c’est avant tout une relation d’intelligence et d’amour du texte. Il reste en effet fidèle à son éditeur depuis vingt ans, bien qu’il ait été approché par d’autres, et lorsqu’il fait un « pas de côté », c’est toujours avec son accord. Il entretenait également une excellente relation avec l’éditeur allemand, Rowohlt, dont les maîtres-mots de l’édition étaient « Business, Literatur und Fantasie », c’est-à-dire business, littérature et imagination. C’est d’ailleurs lui qui a poussé Daniel Rondeau à se tourner vers l’écriture de romans, ce qui a changé la vie de l’auteur.
Il a aussi été question du poids des prix littéraires dans le monde du livre contemporain, phénomène que les trois écrivains déplorent. Pour les éditeurs, les prix permettent de financer des œuvres moins rentables. Du côté des auteurs, s’ils représentent le Graal pour lancer une carrière, ils sont aussi une source d’anxiété qui les amènent à changer fréquemment d’éditeurs, pour trouver celui qui réussira à leur faire gagner un prix prestigieux.
Concernant la relation auteur-éditeur, la question d’une éventuelle ingérence des éditeurs dans l’écriture de leur texte a également été abordée. Ils n’y ont pas été confrontés directement, mais sont conscients que cela se fait chez certains auteurs, et y voient une influence des mœurs américaines.
L’après-midi s’est clôturée par une séance de dédicace avec les auteurs, pendant laquelle ils ont été ouverts à la discussion avec les étudiants. Et c’est avec enthousiasme que les M2 Édition ont profité de la rencontre pour demander à ces grands auteurs ce que sont les classiques afin de commencer à préparer la Journée des Éditeurs, prévue le 27 janvier. Au final, c’est une rencontre enrichissante qui a eu lieu ce vendredi 8 octobre. Espérons qu’elle se reproduira les années suivantes.