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Mon avis sur Mesopotamia d’Olivier Guez

Les différentes étapes qui ont menées à la définition des frontières du Moyen-Orient comme on le connaît aujourd’hui ont été soigneusement décrites par l’auteur dans cet ouvrage. Dès les premières pages, il est clair pour le lecteur qu’Olivier Guez a effectué des recherches minutieuses – il le dit d’ailleurs lui-même dans le journal La Libre Belgique « J’ai passé des années à écrire ce livre tant la documentation est énorme » – pour être le plus précis possible que ce soit sur l’élaboration des frontières ou sur la création des différents bureaux chargés de leur élaboration. Peut-être un peu trop minutieux même, la profusion de détails et les manigances politiques, qui ne cessent de changer, de chacun des acteurs peuvent parfois être durs à suivre. Le dilemme pour l’auteur était peut-être de rester fidèle à l’Histoire ou de laisser tomber quelques détails pour rendre le récit plus compréhensible. On ne pourra définitivement pas lui enlever qu’il a voulu être le plus rigoureux possible.

En outre, au second plan les sentiments de Gertrude Bell sont très peu creusés. Par exemple, on la sait conservatrice et antiféministe tout en ayant occupé des postes très hauts placés, et elle n’hésitait pas à donner son avis au même titre que les hommes. L’auteur explore très peu cette contradiction de savoir mener des débats, prendre des décisions qui influent sur l’avenir de pays entiers tout en étant opposée au vote des femmes. Gertrude Bell est décrite comme ayant un esprit aiguisé mais est parfois dépeinte comme naïve et simplette dans ses relations amoureuses. Cette complexité du personnage n’est traitée qu’en surface, l’angle géopolitique choisi par l’auteur prend le pas sur le reste, ce que je trouve un peu dommage.

Pour moi, ce roman n’est pas tout public. On sent l’empreinte de l’historien voulant être le plus précis possible, et cette profusion d’informations peut perdre des lecteurs non aguerris. Bien que ce livre dispose d’une carte pour aider à replacer les différents états, on sent que le lecteur doit quand même déjà disposer d’un important bagage culturel pour comprendre cet ouvrage.

Concernant la structure du livre, la carte avec les différents pays du Moyen-Orient et de l’Empire des Indes en 1914 n’est mise qu’à la fin, ce qui fait qu’on peut facilement la manquer. C’est un point assez négatif sachant qu’elle est là pour aider la compréhension de la lecture.

Pour conclure sur mon opinion, cet ouvrage me parait très important afin de comprendre d’où partent les conflits qui ont toujours cours au Moyen-Orient aujourd’hui, et quel rôle l’Occident – notamment l’Angleterre et la France – ont joué dans ces guerres. Bien qu’ils puissent nous sembler lointains, nous avons des responsabilités dans ces conflits. De plus, Mesopotamia met en avant une femme complètement oubliée de l’Histoire, la créatrice de l’Irak, et connaître ses accomplissements devrait être un élément fondamental de nos cultures générales.

Mesopotamia  d’Olivier Guez, Grasset, 2024