Cela n’aura échappé à personne, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a particulièrement chamboulé cette année 2020. Le moins que l’on puisse dire c’est que le monde du livre n’aura lui-aussi pas été épargné. En effet, le confinement mis en place pour contrer cette crise aura été un obstacle majeur pour les éditeurs qui ont dû tenir bon, quitte parfois à resserrer leur production.
Afin de voir l’impact de la Covid-19 sur l’ensemble du monde éditorial, le SNE, Syndicat National de l’édition, a décidé de lancer, le 26 avril 2020, une consultation nationale auprès de plus de 250 structures éditoriales. Les éditeurs semblent avoir joué le jeu et dans le rapport « les chiffres de l’édition 2019-2020 » publié à la fin du mois d’Octobre 2020, ils témoignent de leur détresse, essentiellement financière.
Les lourdes conséquences de la COVID-19 sur le monde du livre
Une chose semble être certaine, le secteur éditorial est “un secteur durement et durablement touché” par cette crise sanitaire. Dans cette conjoncture, 40% du chiffre d’affaires des éditeurs, soit ¼, pourrait bel et bien être perdu. Effectivement, sur les 250 structures interrogées, 18 maisons d’édition évoquent « un possible risque de fermeture ». De ce fait, une maison d’édition sur cinq envisage de demander le fond de solidarité nationale de l’État (qui s’élève à 1500€) pour espérer compenser cette lourde perte.
Alors que beaucoup d’éditeurs avaient déjà bouclé leur programme de rentrée, le confinement les a obligés à revoir leurs publications, et de nombreux éditeurs avouent vouloir reporter voire annuler 18% des nouveautés à paraître pour l’année 2020. Ce sont les premiers romans qui sont les premiers concernés. Alors qu’en 2019 on comptait 82 premiers romans, en 2020, les éditeurs se voient obligés de se délester de quelques ouvrages pour n’en publier finalement que 65. Par ailleurs, l’éloignement de la lecture au profit d’autres loisirs (séries, jeux vidéos), pendant le premier confinement, pourrait être dramatique pour l’économie de la chaîne du livre.
Alors que beaucoup d’éditeurs avaient déjà bouclé leur programme de rentrée, le confinement les a obligés à revoir leurs publications, et de nombreux éditeurs avouent vouloir reporter voire annuler 18% des nouveautés à paraître pour l’année 2020. Ce sont les premiers romans qui sont les premiers concernés. Alors qu’en 2019 on comptait 82 premiers romans, en 2020, les éditeurs se voient obligés de se délester de quelques ouvrages pour n’en publier finalement que 65. Par ailleurs, l’éloignement de la lecture au profit d’autres loisirs (séries, jeux vidéos), pendant le premier confinement, pourrait être dramatique pour l’économie de la chaîne du livre.
Les éditeurs contre-attaquent
Pour faire face, les éditeurs n’ont pas manqué d’imagination. La maison d’édition Pocket Jeunesse, en collaboration avec l’écrivain Vincent Villeminot, a par exemple lancé la publication du roman l’île, sous forme d’un feuilleton. Chaque jour, à 18 heures, l’auteur postait un nouveau chapitre de son roman via les réseaux sociaux de la maison d’édition et via le hashtag #ManuscritConfiné. Sans en avoir l’air, cela représente un travail colossal pour les éditeurs : il a fallu condenser lectures, corrections et relectures en une journée. Le livre a également été adapté en version audio et sa publication est attendue pour le printemps 2021.
D’autres maisons d’édition ont quant à elles cassé les prix, notamment sur les livres numériques : le groupe Editis ou les éditions Les liens qui libèrent ont par exemple proposé certains de leurs livres numériques à prix réduits ou même gratuitement. Cela a entraîné une montée en puissance du numérique : la société Kobo – société canadienne spécialisée dans les liseuses électroniques et livres numériques – a enregistré le téléchargement de trois millions d’ebooks en 72 heures. La plateforme Youboox – qui propose elle aussi des livres gratuits ou à prix réduits -, a gagné plus de 100% de nouveaux lecteurs depuis le début du confinement.
L’essor de l’auto-édition
Si le numérique a connu un essor magistral, le monde de l’édition classique, lui, prend un coup. L’auto-édition s’est imposée comme la solution pour contourner ce problème. Depuis quelques années, selon le SNE le nombre d’exemplaires vendus connaît une baisse de 2,25% entre 2017 et 2018, laissant place, petit à petit, à l’auto-édition. En effet, en 2019, l’auto-édition a généré 19.6 % des dépôts légaux effectués. Le confinement aura amplifié ce phénomène, puisque de nombreux auteurs ont décidé, finalement, de s’auto-éditer.
De plus, l’édition de certains ouvrages a été remise en question suite au déconfinement qui a eu un impact sur le domaine du livre. Ceci a notamment créé chez les primo-romanciers une envie de se laisser tenter par l’auto-édition qui permettrait de tester la valeur de leurs écrits (les restrictions de publications liées aux maisons d’édition ont débouché sur un grand nombre de refus d’ouvrages).
C’est ainsi que certaines starts up comme Librinova ont fait leur entrée afin d’aider les auteurs auto-édités et ont vu, pendant le confinement, leur audience décupler. Présentes surtout sur les réseaux sociaux, elles sont une clef pour la visibilité et aident ces petits auteurs à voir le jour et à pouvoir obtenir un public plus large et surtout mieux ciblé. Grâce au réseau social Instagram, les auteurs auto-édités ont pu bénéficier d’une publicité numérique et voir leur renommée s’accroître.
Bilan
On peut donc constater que cette crise a eu des effets positifs et des effets négatifs sur le monde du livre. L’auto-édition a explosé et les acteurs du monde du livre ont essayé de trouver de nouvelles stratégies de vente. On peut se demander si cette situation, qui a forcé les maisons d’édition et les librairies à se renouveler, a pu être une expérience profitable sur le long terme.
Malgré tous ces progrès, les librairies sont fermées à cause du deuxième confinement, ce qui représente quand même un énorme manque à gagner. En Belgique et en Suisse, les livres sont considérés comme des produits essentiels et les librairies peuvent rester ouvertes. Aux yeux de nombreux Français, le livre est aussi un produit de première nécessité, n’en déplaise au gouvernement…