Drug City, de Thomté Ryam, paru le 19 octobre 2023 au Diable Vauvert, est le quatrième roman de l’auteur.
Il conte le voyage de Malik, un dealer français qui vit de son trafic en région parisienne, contraint de quitter le pays après avoir volé une mallette remplie d’argent qui ne lui appartenait pas.
Pour un bilan général de la réception critique de Drug City, consultez cet article.
Malik se rend sur l’île de Capacabana, morceau de terre isolé du monde. C’est un territoire situé dans les Caraïbes dont Malik comprend très rapidement la politique et le fonctionnement. D’un côté, les ultra-riches, de l’autre, les ultra-pauvres. La folie des uns fait la folie des autres. Les deux parties de ce monde miniature et dystopique sont séparées par la Douane, frontière dangereusement gardée par les forces corrompues de l’île.
D’un côté, les riches détruisent une bibliothèque pour en faire un fast-food, de l’autre, les pauvres tentent de capturer des chats pour les vendre au plus offrant. Sur l’île, Malik fait la rencontre de plusieurs personnes : musiciens, prostituées, dealers et miliciens. Ils lui apprennent au fur et à mesure du récit l’histoire de cette île et la décadence qu’elle connaît depuis peu.
Le lecteur constatera que Malik, alors que le roman se termine petit-à-petit, sombre dans la folie, autant que les habitants de Capacabana, et se fait d’ailleurs trahir par le monde dans lequel il chute.
Ce roman est à la fois un court récit qui frôle le pamphlet, un concentré de vulgarité entrecoupé de scènes immorales. Il s’agit pourtant d’une œuvre relativement correcte, qui questionne, à la fois sur le fonctionnement de l’île et sur les multiples zones d’ombre que Thomté Ryam aurait pu clarifier pour une compréhension légitime du lecteur.
Comme l’indiquait Marion Mazauric lors de la visioconférence VLEEL du 29 décembre 2023, Thomté sait dessiner avec brio les tragédies sociales de notre temps. Et celle de Drug City porte en quelques sortes ses fruits, grâce à la fin dramatique, mystérieuse, que connaît le principal protagoniste, Malik, mais surtout comme en témoigne la folie qui sévit des deux côtés de Capacabana.
Drug City, à mon humble avis, est un roman mal compris par la majorité. Cependant, pour le lecteur attentif, il s’agit là d’un récit à la morale finale percutante, pleine de sens et actuelle. Le livre de Thomté rejoint les très bonnes dystopies qui reflètent notre temps et préviennent du lent déclin de l’humanité.
Samuel LAVAULT (M2 Édition)
Mots-clés : Livre ; Écriture ; Rentrée ; Avis