Intermezzo, le quatrième roman de Sally Rooney, ne déçoit pas.
L’autrice, déjà reconnue pour ses précédentes œuvres, signe ici une nouvelle exploration des relations humaines sous toutes leurs formes : fraternelles, amicales, amoureuses et familiales.
Une exploration moderne des relations humaines
Le cœur du roman réside dans l’exploration de ces relations humaines, à travers les vies de Peter et Yvan, deux frères qui se retrouvent plongé dans un moment particulier d’une vie : le deuil, suite au décès de leur père. À travers leurs échanges, leurs non-dits et leurs silences, l’autrice nous plonge dans les tourments et les complexités de l’âme humaine. Ce sont des personnages à la fois profonds et imparfaits. Ils ne sont ni héroïques ni exemplaires, mais ce sont des êtres humains dans toute leur vérité, avec leurs doutes, leurs désirs et leurs contradictions. La force de Intermezzo, c’est justement de nous laisser vivre avec eux, de partager leurs hésitations, leurs erreurs, et leurs moments de grâce.
Les relations amoureuses sont explorés avec sensibilité et modernité. Yvan tombe amoureux d’une femme plus âgée d’une dizaine d’année, et va devoir réussir à la rassurer face au regard de la société. Peter, lui, est déchiré entre deux femmes. Sylvia, son premier amour et la femme avec qui il se voyait faire sa vie mais qui l’a quitté après un accident, et Noamie, une jeune femme beaucoup plus jeune qui vend ses photos dénudée sur internet. Chacune lui apporte à sa manière, et il est tiraillé entre le désir et la moralité.
Un style déroutant
Un élément frappant du roman est le style d’écriture de Rooney. Elle mêle dialogue et pensées intérieures des personnages avec une fluidité déroutante, donnant le sentiment d’être immergé dans l’esprit des personnages. Il n’y a presque pas de ponctuation pour marquer les séparations entre les discours et les réflexions intérieures. Ce style très particulier, inspiré du flux de conscience, est une marque de fabrique de l’autrice, et s’il peut sembler difficile d’entrée de jeu, il permet une immersion totale dans la psychologie des personnages. On se sent presque spectateur de leurs pensées les plus intimes. Ce choix stylistique, bien qu’intensifiant la lecture, permet de comprendre toutes les facettes des protagonistes et de nous interroger sur notre propre manière de percevoir les relations et les émotions.
Des personnages imparfaits
Finalement, ce touche particulièrement dans Intermezzo, c’est la façon dont Rooney aborde les imperfections humaines. Les personnages, bien qu’intelligents et réfléchis, prennent parfois de mauvaises décisions ou disent des choses qu’ils peuvent regretter par la suite. Mais, au lieu de les rendre détestables, ces failles les rendent plus humains. Leur vulnérabilité, leurs faux-pas, leur incapacité parfois à se comprendre les uns les autres résonnent profondément. Ce sont des personnages qui n’ont pas peur de se tromper, de douter, et c’est précisément ce qui rend l’histoire si intime et attachante.
En somme, Intermezzo est un roman que l’on dévore tout en se questionnant. Sally Rooney parvient une fois de plus à capturer avec justesse la complexité des relations qui façonnent nos vies.