Le 21 août dernier, les éditions Stock publiaient au sein de leur collection « Ma nuit au musée » La nuit s’ajoute à la nuit d’Ananda Devi.
Pour écrire ce livre, l’autrice a passé une nuit au Mémorial de la prison de Montluc. Elle déambule seule de cellule en cellule et s’interroge : qu’aurait-elle fait à leur place ? Jean Moulin, les enfants d’Izieu, Raymond Aubrac, tous y ont été enfermés, puis ce furent des prisonniers de la guerre d’Algérie, dont onze condamnés à la peine de mort et exécutés à Montluc. Enfin, Klaus Barbie fit un passage court mais symbolique au sein de cette même prison qu’il avait dirigée pendant la guerre. Ananda Devi nous invite avec elle pour une nuit avec les fantômes de Montluc.
Une mise en lumière…
Le livre a commencé fort sa rentrée littéraire puisqu’en septembre, on dénombre une dizaine d’articles de gros et petits médias relayant la sortie de l’ouvrage et en faisant de bonnes critiques. Rappelons que les essais bénéficient d’un lectorat plus limité que les romans, et donc d’une couverture médiatique plus restreinte. Pourtant, le magazine La Vie lui dédie trois pages entières, Le Nouvel Obs lui attribue la note de 4 étoiles sur 5, et Le Monde et Le Point décrivent respectivement la plume de l’autrice comme « chargé d’archives et d’images, sans jamais verser dans le sensationnel ou le sordide » et comme d’« enflammée et engagée ».
… de courte durée
Le livre est tombé malheureusement très vite dans l’ombre, puisque très peu de médias en ont parlé par la suite : France Inter invite Ananda Devi début octobre pour parler à l’antenne de l’expérience qu’elle a vécue, puis c’est silence radio jusqu’au 5 décembre 2024, quand le journal Libération publie un article.
Du côté des prix littéraires, le livre faisait partie des finalistes du prix Renaudot essai, sans remporter pour autant le titre. Cependant, l’autrice du Sari vert (Prix Louis-Guilloux 2009) ou encore du Rire des déesses (Prix Femina des lycéens 2021 et Grand Prix du roman métis 2022) ne repart pas bredouille de 2024 puisqu’elle a obtenu le Prix international Neustadt récompensant l’intégralité de son œuvre littéraire. Ananda Devi avait déjà obtenu l’année précédente le prix de la langue française, renforçant sa réputation en tant qu’autrice de renom.
Un public restreint, mais de bonnes critiques
Sur des sites tels que Babelio ou encore Goodreads, la note attribuée par le public tourne autour de 4 étoiles sur 5. On décompte une cinquantaine de votes sur Babelio et seulement une vingtaine de critiques rédigées, mais malgré leur faible nombre, elles permettent d’avoir une meilleure idée de la réception du livre par le grand public. Quelques lecteurs ont eu du mal à suivre l’autrice tout au long de son expérience, à se laisser entraîner au fil de ses réflexions et de ses pensées, qu’ils jugent trop décousues pour eux, tout en reconnaissant que la plume de l’autrice est poétique et que le récit qu’elle donne est fort. Dans l’ensemble, on salue Ananda Devi pour le courage et l’humilité avec laquelle elle écrit, pour son récit à la fois bouleversant et engagé. C’est une œuvre jugée cruciale qui interroge notre humanité et qui rappelle l’importance de se souvenir.