Le Roman de Jeanne et Nathan, c’est LA tragédie romantique de cette rentrée 2023. Sur un ton aussi corrosif que poétique, Clément Camar-Mercier nous narre la rencontre d’un jeune universitaire désabusé et d’une actrice pornographique au sommet de sa gloire. Consumés par la drogue qui les distrait du vide de leur existence, Jeanne et Nathan parviennent ensemble à soigner leurs âmes esseulées dans un centre de désintoxication coupé du monde. Débute alors un amour pur, une connexion profonde entre les deux êtres. À l’aube d’une humanité retrouvée, c’est un périple dans la campagne française qui commence pour ce couple désorienté auquel le lecteur s’attache inéluctablement…
À première vue, l’aspect stéréotypé des personnages nous induit presque en erreur quant à la profondeur de ce roman. Pourtant, Jeanne et Nathan, qui ne sont plus que des parodies d’eux-mêmes, ont tellement plus à dévoiler, et c’est peut-être là tout le propos du récit. Comment se retrouver après des mois d’errances, pétrifiés par la torpeur d’un quotidien de misère ? Ce roman fait donc preuve d’un mélange de cruauté et d’une violence inouïe, mais aussi de lyrisme et d’une tendresse infinie. Éloge de l’amour, le vrai — et non les comportements addictifs dans lesquels nous nous absorbons aujourd’hui sans retenue — cette caricature de notre société et de ses dérives se veut un miroir de nos propres tourments. Elle interroge, remet en question notre réalité, sans avoir recours à la rédaction d’un essai excessif ou d’un discours moraliste. Une fois le livre reposé, on pense d’ailleurs au titre Les Liens artificiels de Nathan Devers, sélectionné pour le prix Goncourt des Lycéens en 2022.
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Enfin, on ne peut que remarquer la rigueur avec laquelle Clément Camar-Mercier illustre son roman. En effet, cet ouvrage s’inscrit à contre-courant des tendances de lecture actuelles, où le lecteur recherche le confort d’un monde édulcoré. L’écrivain, qui souhaite refléter le vécu de Jeanne et de Nathan de la façon la plus authentique qui soit, use d’un vocabulaire parfois cru et de scènes d’une extrême violence. L’auteur en est convaincu : pour que nous puissions mesurer la beauté de notre monde, les protagonistes de ce récit doivent, eux, connaître une fin tragique. Si tout au long du récit, le gore est accompagné du grotesque et du psychédélique, de sorte que le lecteur puisse digérer au mieux cette barbarie, les derniers chapitres laissent place à l’horreur et la stupéfaction. Une lecture qui enrichit l’esprit donc, mais qui vous fera pleurer à chaudes larmes, le regard accroché aux lignes traîtresses de la page 323. Âmes sensibles, s’abstenir !