Nul n’est sans savoir à quel point le secteur de l’édition est en constante production, d’aucuns diraient en production excessive. Dans ces conditions, difficile pour un auteur de se faire remarquer, c’est-à-dire de faire parler de lui dans la presse, sur les réseaux sociaux ou sur les plateaux télévisés. Difficile pour un livre, donc, de se faire une place aux yeux du public. Cette année la rentrée littéraire, pourtant présentée comme inhabituellement sobre, propose 466 publications, parmi lesquelles on dénombre soixante-quatorze premiers romans.
C’est dans ce paysage que Clément Camar-Mercier, traducteur et dramaturge de métier, tente de faire éclore Le Roman de Jeanne et Nathan, une fiction aux accents shakespeariens. De sa couverture colorée à son synopsis intrigant, ce titre a tout pour plaire en librairie — pour peu qu’on apprécie l’extravagance des personnages et le cynisme du narrateur. C’est aussi de par son statut de premier roman et grâce à l’expérience d’écriture et de théâtre que possède Clément Camar-Mercier que le récit prend de la valeur et obtient une visibilité honorable au sein de la presse française et québécoise.
Par ailleurs, la revue Transfuge, revue au ton subversif qui s’enorgueillit de promouvoir de véritables œuvres culturelles et qui évolue à contre-courant de certains monuments du panorama éditorial français — tels que le célèbre prix Goncourt — décerne au Roman de Jeanne et Nathan le prix du meilleur premier roman. On pense également aux prix de Flore, prix Renaudot, prix Le Monde, prix Méduse et d’autres encore pour lesquels l’ouvrage a été sélectionné, suscitant alors — certes dans une moindre mesure — reconnaissance et articles de presse. Enfin, le prix Le Temps retrouvé, créé en 2020 par Le Pari(s) Littéraire en hommage à Marcel Proust aurait pu être un support précieux à la mise en avant de ce récit, le prix œuvrant en récompense d’un « roman de la rentrée littéraire qui dépeint, avec style et finesse, la complexité des relations humaines et les évolutions de la société ».
Bien que Le Roman de Jeanne et Nathan n’obtienne pas l’immense visibilité médiatique de Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea (L’Iconoclaste), Triste tigre, de Neige Sinno (Stock), Psychopompe d’Amélie Nothomb (Albin Michel) ou encore La Prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot (Stock), on note la place qu’a su conquérir Clément Camar-Mercier au sein de ce milieu aussi prolifique qu’est l’édition. L’auteur, qui n’en est qu’à ses débuts, profite d’un bon départ dans le milieu littéraire sans avoir même eu recours aux réseaux sociaux, de nos jours outils essentiels dans la promotion d’un ouvrage. Clément Camar-Mercier s’affirme alors comme un auteur à suivre…