Les Nymphéas de Claude Monet, Fresque, 1840-1926, photographie : Nidesoleil, Pixabay

Le syndrome de l’Orangerie de Grégoire Bouillier : un roman discret à l’image de son auteur

Grégoire Bouillier, auteur primé (Prix de Flore, Prix Décembre, Prix André-Malraux), est ce qu’on pourrait appeler un drôle d’oiseau. Pas particulièrement social ni enjoué, il se démarque par sa nature réservée et sa vision pessimiste de la vie. Parallèlement, ses écrits sont d’une poésie remarquable. Dans Le syndrome de l’Orangerie, parut chez Flammarion en cette rentrée littéraire 2024, il aborde des thèmes funestes, telle que la mort que l’on peut retrouver dans les Nymphéas de Monet. C’est cet alliage de beauté et de terreur qui caractérise sa plume et sa compréhension du monde.

Une réception positive en peu de mots

À sa parution, Le syndrome de l’Orangerie bénéficie d’une bonne visibilité, mais sur une courte durée. La critique est positive et l’on encourage les lecteurs français à se procurer le roman pour faire entrer leur monde en collision avec celui de Bouillier : ce monde patraque, foutraque, parfois paranoïaque et hypocondriaque mais regorgeant de beauté et de phrases tarabiscotées. Souvent courts, les articles résument l’intrigue du Syndrome, comme s’il elle se suffisait à elle-même. Il faut dire que l’élément déclencheur, tiré du propre vécu de l’auteur, n’est pas anodin et promet un joli mystère à résoudre. D’une « habileté redoutable », comme le rapporte un article de l’Éclaireur Fnac, ou encore faite de « jeu de mots » comme la qualifie Libération, la plume de Bouillier reste indubitablement félicitée.

Un caméléon parmi la foule

Même dans ses scandales, l’œuvre se fait discrète. Accusé par Michel Gérard de plagiat dans un article du Figaro, Grégoire Bouillier se défend avec une unique prise de parole rapportée par Le Monde, mettant ainsi fin à toute protestation. Rapportée dans une totalité de quatre articles, l’affaire est pliée et oubliée. Suite à cela, pour le Syndrome, c’est le silence total jusqu’à sa nomination et sa victoire pour le prix Castel. LivreHebdo, Le Point, FranceInfo, Actualitté et plus encore annocent l’attribution du prix Castel à Grégoire Bouillier pour son Syndrome de l’Orangerie. Informatifs, les articles restent succincts et si l’on avait retrouvé l’auteur à diverses reprises sur les ondes radiophoniques quelques mois plus tôt pour la promotion de son roman, il ne semble pas y retourner pour prendre la parole au sujet de son prix. Il apparaît toutefois dans L’Officiel France, toujours aussi effacé, tel un « caméléon parmi la foule ». C’est également le cas de son ouvrage qui semble désormais éclipsé par les lauréats des grands prix de cette année et laisse volontiers sa place sur les gros titres des journaux.

Un roman de Bouillier, est-ce que c’est ma tasse de thé ?

À ce jour, les critiques des médias restent toutes positives. Bien entendu, elles appréhendent le style de Bouillier dans son ensemble, divagations comprises, et s’adressent principalement aux connaisseurs. Ces dites divagations sont d’ailleurs la principale cause des avis à tendance plus négatives, qui restent rares, de la part des internautes, notamment sur Babelio. Pour les habitués, c’est un régal de retrouver la langue massacrée et tortueuse de l’auteur mais pour les nouveaux venus, cela peut porter à confusion. Il faut bien l’avouer, même s’il est acclamé, un Bouillier n’est pas à la portée de tous.

Le syndrome de l’Orangerie de Grégoire Bouillier, Flammarion, 2024.