Malgré une réception plutôt discrète de prime abord, l’ouvrage est tout de même parvenu à se faire une place dans la sphère médiatique. Ainsi, les critiques provenant de professionnels et de lecteurs novices se sont multipliées, ponctuées par des apparitions télévisées de Laure Murat.
Apparitions médiatiques
Sans grande surprise, un essai n’est pas un ouvrage vers lequel on se tourne en premier lors de la rentrée littéraire de septembre. C’est là un choix assez osé, pourrions-nous penser, si ce n’est un parti pris assumé de l’auteure.
En effet, parmi les médias qui en parlent, on relève la presse journalistique générale et spécialisée, des interviews radio, quelques apparitions télévisées ainsi que des critiques diverses de la part de lecteurs amateurs et avertis sur les blogs, les communautés littéraires ou encore sur les réseaux sociaux.
Ainsi, deux tendances émergent. D’une part, les médias évoquent les présélections de Proust, roman familial pour le prix Goncourt et le prix Médicis essai. D’autre part, ils abordent la vie personnelle de Laure Murat, comment Proust a changé sa vie et plus largement, son rapport à l’aristocratie.
Présélections
Alors que l’essai de Laure Murat semble s’être fondu dans l’abondance de titres de la rentrée littéraire, c’est avec étonnement que nous apprenons sa présélection pour deux grands prix littéraires.
En effet, en octobre 2023, à la surprise générale, Laure Murat s’est vue présélectionnée au prix Goncourt ainsi qu’au prix Medicis essai. Si le second ne semble étonner personne, une sélection au prix Goncourt est quant à elle plus surprenante car peu habituelle, avec une majorité de romans sélectionnés. C’est là certainement une façon de saluer l’essayiste qui a su présenter Proust sous un nouveau jour.
Un titre ambivalent
Toutefois, la réception critique plutôt positive des lecteurs nous amène à questionner un élément central : le titre. En effet, Proust, roman familial est un titre dont l’effet est immédiat sur le lecteur.
D’une part, il attise notre curiosité. S’agit-il d’un texte de Proust retravaillé ? Ou bien une analyse ? Que se cache-t-il derrière l’expression « roman familial » ?
D’autre part, voici un titre plutôt intimidant par la simple apparition du nom de Proust, célèbre auteur de À la recherche du temps perdu connu pour ses phrases d’une longueur incomparable. C’est là un critère qui peut rebuter le regard d’un lecteur qui se dirigera vers un autre titre présent sur les étals de la librairie.
Au fil des interviews de Laure Murat, nous apprenons que ce titre est un parti pris révélateur de ce qu’elle a voulu transmettre à travers son essai, bien plus parlant que sa seconde idée qui était : « Comment Proust a changé ma vie ? ». Certes, ce titre est moins percutant, pourtant plus explicite. Néanmoins, il interroge sur le public auquel Laure Murat s’adresse au fil des pages.
Un lectorat ciblé
Proust, roman familial est un essai à destination d’un public averti. S’il fallait comparer cette œuvre à un objet du quotidien, il s’agirait certainement d’un journal intime. Celui de Laure Murat. Mot après mot, elle nous livre son histoire, son rapport à l’aristocratie et la place que Marcel Proust occupe dans sa vie…ou du moins comment il a changé sa vie aux travers de ses écrits.
Ainsi, lire cet essai n’implique pas d’avoir déjà lu La Recherche pour comprendre l’analyse produite par Laure Murat. Cependant, le lecteur ne peut comprendre toutes les références énoncées sans avoir un certain bagage historique et socioculturel.
« Proust m’a sauvé »
À plusieurs reprises, Laure Murat affirme : « Proust m’a sauvé ». Ce sont d’ailleurs les mots qu’elle choisit pour clôturer son essai. Il s’agit d’une note finale percutante sur laquelle elle laisse son lecteur en cohérence avec son souhait de faire de cet ouvrage une invitation à lire Proust à notre tour : « Personne n’est obligé de lire Proust. Mais tout le monde perd à l’ignorer.»