Un jeune, sans visage, dans un abribus. Sans visage parce qu’il se cache sous sa capuche, comme pour se protéger. De cacher son corps de lâche. Ce jour-là, lorsque le bus passe, il ne monte pas. Il ne se rend pas au lycée, il reste dans cet abribus pour fumer son shit bien gras, et se souvenir, malgré lui.
Pourquoi la fille Novembre est-elle redevenue Katarina, pourquoi Enzo est-il devenu le Traître ? Au fil du roman, de la pensée du narrateur et des joints qu’il fume, il va s’ouvrir à lui-même et au lecteur. Nous allons comprendre pourquoi il ne va plus au lycée, les raisons de sa dépression et de son enfermement.
Les critiques journalistiques sont unanimes : le premier roman de Marin Fouqué, l’écrivain, est un succès. Il n’y a pas une critique négative, que ce soit sur les médias traditionnels, ou sur les blogs et réseaux sociaux. Qu’en est-il véritablement ?
Le roman de Marin Fouqué est, pour moi un véritable succès, tant sur le fond que sur la forme. Le thème principal semble être l’ennui, le rien. Ce n’est pas tout à fait le cas. Authentique cri d’alarme d’une jeunesse désabusée, 77 nous fait ressentir une sorte d’empathie autour d’une adolescence partout décriée : qui ne fait rien, ne ressent rien et n’a aucune ambition. Marin Fouqué nous fait rentrer dans l’esprit d’une jeunesse incomprise et nous demande de n’abandonner ni cet adolescent qui fume et attend que le jour passe, ni ce qu’il représente.
Sur la forme, Marin Fouqué utilise à bon escient son passé de rappeur. La forme n’est pas académique. Il privilégie les phrases courtes, marquantes, percutantes. Il a imprégné son texte de lyrisme, avec un véritable travail de recherche de la rythmique, de la ressemblance des sons et des mots. Et la magie opère parfaitement. Son de roman coup de poing ne laisse pas sortir pas indemne de la lecture de 77.
Nous avons là un des romans majeurs de la rentrée littéraire 2019, avec une forme non académique conjuguée à un fond lourd de sens. Seulement, Marin Fouqué est le représentant d’une contre-culture qui divise, en plus de devoir lutter contre 523 autres romans sortis à cette période charnière.
Pour plus d’informations : Hier et demain