La publication de Ma Tempête d’Éric Pessan aux édition Aux Forges de Vulcain, en août dernier, dans le cadre de la rentrée littéraire, s’est avérée être une énigme dans le paysage médiatique. Ce roman en huis clos marque un éloignement de l’univers jeunesse pour lequel l’auteur est principalement reconnu. Cependant, malgré une créativité acclamée par certains, et des prises de risques saluées par d’autres, la presse générale semble avoir négligé l’ouvrage, offrant seulement quelques mentions dans des journaux locaux…
Avant toute chose : quelques mots rapides sur l’ouvrage.
Nous suivons la journée chaotique de David, metteur en scène au chômage, lorsque sa représentation de la pièce La Tempête de Shakespeare est annulée par manque de subventions. Le récit, divisé en cinq actes, se déroule dans l’appartement familial où David s’occupe de sa fille Miranda. L’histoire mêle la réalité quotidienne à la passion de David pour le théâtre. Il amène une réflexion sur la condition des artistes, la paternité et la place de la culture en France. Un roman politique, invitant à la reconnaissance de la valeur de l’art dans la société contemporaine et à l’introspection de ses personnages, c’est un succès garanti, non ?
Entre discrétion médiatique et acclamations blogosphériques.
Une observation de la chronologie des critiques révèle une régularité étonnante dans le nombre limité d’articles publiés, oscillant faiblement entre un et trois par mois. Si vous vouliez lire un grand nombre d’articles autour de Ma Tempête, il fallait être présent en octobre, le mois le plus actif ; probablement en raison de la sélection de l’œuvre pour des petits prix littéraires tels que le Prix des écrivains de marine et le Prix Micheline.
Quid des autres réseaux de critiques ?
La presse générale semble avoir fait preuve d’un désintérêt manifeste envers l’œuvre, peut-être en raison de l’absence de promotion agressive de la part de l’auteur et de la maison d’édition. Mais si la presse fait la fine bouche, les blogueurs littéraires, eux, prennent le relais ! Ils offrent des analyses plus nombreuses et plus approfondies, ainsi que des réflexions personnelles qui ont salué la créativité et l’originalité de l’approche d’Éric Pessan.
La grande majorité des blogueurs et des critiques sur des sites d’avis ne soulignent que des points positifs. Et même si au sein de la blogosphère toutes les critiques n’ont pas été élogieuses, il nous faut fouiller en profondeur pour trouver des mauvais retours sur Ma Tempête. Si vous souhaitez lire une critique plus approfondie du titre, nous vous renvoyons vers cet article.
Un aspect intéressant, et de plus en plus important dans les réceptions littéraires récentes, réside dans l’impact significatif des réseaux sociaux. Particulièrement Instagram et sa communauté dédiée aux amateurs de livres, le fameux « bookstagram ». Les publications des utilisateurs mettent l’accent sur l’aspect visuel et le ton décontracté. L’auteur lui-même a tenté d’élargir la visibilité de son œuvre en explorant ces plateformes et en y étant lui-même acteur. Il en profite pour se rapprocher de sa communauté de fans et pour interagir.
Malgré tout, et en dépit de l’effervescence médiatique de la période de rentrée littéraire, Ma Tempête n’a pas atteint le succès escompté. Les compétitions de prix littéraires, pourtant souvent considérées comme des tremplins pour la notoriété, ne lui ont pas non plus offert la distinction espérée.
Et donc ?
Bien qu’acclamé par une certaine frange de la blogosphère, le récit de David et de Mirande n’a pas réussi à attirer l’attention des médias traditionnels et du grand public. Cette réalité, bien que décevante, s’inscrit dans le contexte d’une concurrence intense et d’une offre pléthorique d’œuvres pendant la rentrée littéraire. La créativité d’un ouvrage peut être saluée tout en restant largement méconnue dans le panorama littéraire contemporain. Comme beaucoup d’autres titres chaque année, Ma Tempête est condamné à l’anonymat, car il faut le prendre pour ce qu’il est : une bonne lecture, qui n’est pas non plus le chef-d’œuvre du siècle.