Badjens de Delphine Minoui. Crédit photo : Margot Collet

Badjens de Delphine Minoui : une réception médiatique en demi-teinte

La rentrée littéraire de 2024 a vu l’émergence de nombreux ouvrages traitant de thèmes liés aux conflits au Moyen-Orient, un sujet devenu commun dans le paysage littéraire contemporain. Badjens de Delphine Minoui s’inscrit dans cette tendance, offrant un regard intime sur les réalités humaines de la guerre.

La réception médiatique de Badjens a été marquée par une large couverture dans les médias généralistes. Des journaux comme Le Point, Sud Ouest et Marie Claire ont consacré de longs articles au livre, soulignant notamment la puissance du récit et la richesse de son approche. Cependant, cette visibilité n’a pas été accompagnée d’une abondance d’analyses littéraires.

Alors que les grandes plateformes d’informations ont salué la démarche de Delphine Minoui, les critiques littéraires plus spécialisées sont restées relativement discrètes. On peut tout de même citer les articles de Lire Magazine et ActuaLitté qui ont offert des analyses très justes du roman de Delphine Minoui.

L’auteure a également été reçue à la radio et à la télévision, notamment sur France Inter et dans l’émission littéraire La Grande Librairie. En donnant à Delphine Minoui l’occasion de parler elle-même de son ouvrage, ces émissions permettent de présenter Badjens d’une manière plus directe que dans un article de presse ou une critique littéraire.

Sur les plateformes littéraires, cependant, Badjens a trouvé un large public, avec des avis majoritairement positifs. Les lecteurs apprécient la profondeur du récit et la capacité de l’auteur à humaniser une situation complexe. Le livre affiche une note moyenne supérieure à 4/5 sur des sites comme Goodreads et Babelio, signe d’une forte adhésion du public. Cette réception enthousiaste témoigne d’un intérêt certain, mais laisse aussi transparaître une certaine forme de silence critique, qui pourrait expliquer l’absence de distinction majeure lors des remises de prix littéraires.

Malgré sa nomination dans plusieurs prix prestigieux, tels que le Prix Roman Fnac, le Prix Interallié et le Grand Prix de l’Académie Française, Badjens n’a pas réussi à se démarquer. Cette absence de distinction, malgré une couverture médiatique correcte, peut s’expliquer par la concurrence acharnée à laquelle le livre a dû faire face.

La rentrée littéraire de 2024 a vu la publication de plus de 450 livres, une quantité phénoménale d’ouvrages qui ont saturé le marché. Dans ce flot impressionnant, même les œuvres les plus prometteuses peinent parfois à se distinguer. Les jurys des prix littéraires, confrontés à une offre très abondante et à une multitude de voix fortes, ont peut-être été moins réceptifs aux promesses de Badjens, au profit d’autres titres. Malgré une réception médiatique globalement positive, le livre n’a pas réussi à s’imposer comme une figure majeure de la saison littéraire, en raison de la concurrence féroce à laquelle il a dû faire face. On peut notamment citer Houris de Kamel Daoud, qui a obtenu le Prix Goncourt et qui traite de thèmes similaires.

Badjens de Delphine Minoui, Seuil, 2024