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Les Roses Fauves, un pari sur l’avenir ?

Un roman de qualité effacé par le prix Goncourt.

 Les Roses Fauves de Carole Martinez a fait son entrée dans le monde du livre lors de la rentrée littéraire de septembre 2020. Ce choix de la part de la maison Gallimard semble se présenter comme une stratégie éditoriale. Celle-ci visant à attirer le regard sur ce nouveau roman d’une auteure ayant déjà reçu de nombreux prix littéraires. Son talent d’écriture lui a donc valu d’être rapidement en lice pour le prix Goncourt 2020. Suite à cela, l’intérêt des médias s’est trouvé considérablement accru et un grand nombre de journaux lui ont laissé une place dans leurs chroniques.

« Un labyrinthe de hasards et de rencontres se déploie dans le beau nouveau roman de l’auteure du Cœur cousu, qu’il prolonge. »
Le Monde

Cependant, les analyses restent similaires et les avis peu exprimés. L’attention portée à l’auteure est au rendez-vous mais l’étude réelle et approfondie de l’œuvre ne semble pas être une priorité des critiques. Une prépondérance de thème globaux, tels que la place de la femme ou bien l’aspect féérique du récit, présentés dans les médias porte Carole Martinez sur un scabellon qu’elle mérite (ceci au travers de multiples métaphores, d’analyses enjolivées etc.). Mais où est le roman de Carole Martinez ? Où est la véritable histoire de Lola et de ses ancêtres ?

Ce que la presse écrit ne nous en dévoile pas plus que le résumé. Une question se pose alors : les journalistes ont-ils vraiment lu cet ouvrage ? Les critiques exprimant des avis plus personnels ne sont autres que celles de ses lecteurs qui ont décidé de partager leurs expériences livresques sur les réseaux sociaux. Si la presse ne semble pas laisser poindre d’avis propre sur ce roman, d’autres plateformes en font un éloge bien plus personnel. Son nom ressort, en effet, sur différents supports de communication afin de satisfaire la curiosité à tous les étages. Les chaînes de radio telle que RFI [1], mais aussi les blogs, les bibliothèques, les librairies et même des podcasts évoquent Carole Martinez et son œuvre qui, si elle ne paraît pas avoir conquis véritablement la presse, a su trouver le cœur de ses lecteurs.

Il est, par ailleurs, à noter que si Carole Martinez a participé à de nombreux événements en 2020 et a été invitée à d’autres en 2021, son ouvrage, quant à lui, a vu son éclat disparaître avec la nomination du Goncourt.

L’Anomalie semble avoir cueilli les fleurs encore bourgeonnantes des Roses Fauves, ouvrage qui l’avait accompagné dans l’attente de ce prix si important. Mais si le géant Goncourt a eu raison de tous ces livres qui ont été son égal au cours des votes pour le prix, la crise sanitaire semble avoir elle aussi porté un coup. Même si leur sort reste toujours plus enviable que ceux qui n’ont pas su se faire distinguer.

Carole Martinez reste pourtant remarquée pour la qualité des thèmes abordés et la profondeur de ses textes, même si l’histoire en elle-même est parfois critiquée par des blogueurs occasionnels. Son style, pourtant, ne reçoit aucune tache et semble faire l’unanimité. L’auteure qui a su se créer un groupe de lecteurs avec Du Domaine des Murmures, a préservé ceux-ci en les plongeant au cœur de cette histoire inspirée par l’une d’entre eux.

Voir aussi : Les Roses Fauves de Carole Martinez, conte ou essai philosophique ?

[1] https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-03-septembre-2020