Un roman au tempo allegro
L’éternel fiancé nous emporte à travers les âges, il est vrai, mais il nous perd au fur et à mesure du temps qui passe. Mon avis sur ce roman est assez réservé. Dès les premières pages, le style de l’autrice m’a emportée par sa fluidité et son ton poétique. J’ai particulièrement apprécié la légèreté du récit, on se sent transporté par le rythme de la prose de l’autrice. Le thème du temps a été particulièrement intéressant, on se rend compte en tant que lecteur que la chronologie et la linéarité importe peu, que les faits restent les mêmes. On se rend aussi compte que la vie est faite de rencontres et d’adieux, de relations « presque » amoureuses qui ne prennent finalement jamais ce chemin.
Mais les choses se compliquent pour la seconde moitié du roman, et c’est à ce moment que j’ai décroché de l’histoire. Les sauts entre le passé et le présent m’ont fait perdre le fil, je n’arrivais plus à suivre le cours de l’histoire. Peut-être que j’ai trop cherché à restituer les évènements, à essayer de trouver une logique dans ce désordre que j’en ai oublié de me laisser porter jusqu’aux dernières pages. La prose de l’autrice m’a parue devenir de plus en plus poétique, avec des figures de style de plus en plus complexes auxquelles je ne trouvais pas toujours un sens.
Des personnages peu captivants
Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, je n’y ai pas vraiment trouvé d’intérêt. Certes, il s’agit d’une façon assez originale de raconter l’amour, d’évoquer un sentiment qui, pour une fois, n’est pas réciproque, ce qui ne fait pas de ce livre une romance parmi tant d’autres. Mais je n’ai pas été touché par les personnages, j’ai même de moins en moins aimé la narratrice qui m’a semblée négliger sa famille à de nombreuses reprises. J’ai eu plus de compassion pour Étienne et son histoire. Je n’ai pas été émue comme je l’attendais, du moins comme je l’espérais, après avoir lu la quatrième de couverture. D’une certaine manière, j’ai aussi ressenti ce sentiment gênant d’observation, que je qualifierais même d’un peu malsain, que la narratrice a pu avoir en suivant la vie d’Étienne. J’ai parfois eu le sentiment d’entrer dans l’intimité des personnages, de connaître des secrets que je n’aurais pas dû. Ce sentiment était d’autant plus présent lors des scènes de rencontre, j’avais cette impression d’épier les deux personnages, de suivre une conversation qui ne m’était pas destinée.
C’est le style de l’autrice qui m’a permis d’aller jusqu’au bout du roman qui, pour moi, est vraiment lié à la musique. On a l’impression qu’une mélodie accompagne toute l’histoire, et que le rythme s’accélère au fur et à mesure où l’on se rapproche de la fin. Mais un rythme trop rapide peut perdre le lecteur et le laisser sur une expérience de lecture insatisfaisante.
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