Alexis Michalik et ses multiples talents partent à la conquête de la rentrée littéraire avec un premier roman à la Dumas. Un nouveau défi pour le chouchou des scènes parisiennes.
Il ne voyait pas Loin comme un texte assez intellectuel pour entrer dans la compétition de la rentrée littéraire ; pourtant, c’est bien le 4 septembre que le premier roman d’Alexis Michalik est paru aux éditions Albin Michel. Conçue comme un livre de plage, hautement divertissante, page-turner, l’épopée d’Antoine, Laurent et Anna à travers le monde pour retrouver un père disparu s’est invitée à la table des Amélie Nothomb et Éric-Emmanuel Schmitt. Attendu des critiques habitués aux prodiges de Michalik et des lecteurs (Loin a été sélectionné pour le Prix du Roman Fnac dès le 10 juillet), le roman a fait son petit bonhomme de chemin au sein de la critique littéraire française… jusqu’à s’attirer une nomination au Prix Renaudot. Cet enthousiasme ne s’est pas démenti jusqu’à la fin de l’année 2019.
Un roman apprécié
Dès avant le 4 septembre, Jean-Christophe Buisson décrivait Loin comme « un roman époustouflant », pourvu d’« une écriture, un style, un souffle incontestablement romanesques ». Tous les autres critiques qui se sont intéressés à Loin sont restés sur cette lancée jusqu’à janvier. Tour à tour comparé à Alexandre Dumas ou à Wajdi Mouawad, complimenté pour son incipit presque philosophique sur le voyage, admiré pour ses talents décidément illimités, Michalik a pu aborder cette saison de la rentrée littéraire sous les meilleurs augures. Quelques réticents se sont exprimés, lui reprochant ses dialogues, la longueur de son texte, sa simplicité… Mais ils se sont noyés dans le flot des bonnes critiques. Invité sur de multiples plateaux radio ou télé, sollicité par de nombreux journaux pour des interviews, il a reçu les éloges avec un sourire et un regard assurés. Tout le monde l’admirait déjà pour Edmond ; Loin est une nouvelle pierre ajoutée à l’édifice de son œuvre.
Populaire, mais pas assez littéraire
Le 4 novembre, pourtant, la sentence du jury du Prix Renaudot est tombée – pas de prix pour Loin. C’est La Panthère des Neiges de Sylvain Tesson qui a été récompensé. De là, l’enthousiasme pour notre roman s’est refroidi. Moins d’articles, moins de critiques, moins de promotion, en tout cas en France. Car Loin commence à avoir un impact timide outre-Atlantique et au Liban. On félicite Michalik pour son écriture à rebondissements et l’efficacité avec laquelle il aborde les thèmes du voyage, de l’ailleurs, de la différence et de la tolérance. Mais cet engagement n’aura pas été suffisant pour être reconnu entre tous les autres auteurs de cette rentrée littéraire.
La marque Michalik
Finalement, Loin aura surtout été attendu parce qu’il est le premier roman d’un jeune auteur qui a déjà fait ses preuves – et quelles preuves ! – au théâtre. La marque Michalik, comme on pourrait l’appeler, a appelé cet enthousiasme qui a porté le roman sur les quelques mois de cette fin d’année. Bien écrit, avec une intrigue si haletante qu’elle rend l’abandon de la lecture difficile, Loin a été reconnu par tous, critiques spécialisés comme bloggers, comme une pépite, un bijou. Divertissant, et ouvert au monde. Pas assez pour un prix littéraire… Mais encourageant pour qui sait ? la publication d’un nouveau roman dans les années à venir.
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