© Ingrid Dufaure de la Prade

Monica Sabolo à la recherche de l’Éden

Éden, écrit par Monica Sabolo, est un roman traitant de sujets d’actualité d’une grande importance. En effet, l’histoire raconte la vie de Nita, une jeune Amérindienne de 17 ans vivant dans une réserve. Le roman parle de la forêt qui borde cette réserve, de sa présence, de ses esprits. C’est un roman contemporain aux touches fantastiques.

Écrit d’une très belle plume, il n’aura pourtant pas su me contenter. Étant très attachée au genre fantastique, j’étais heureuse de voir un roman contemporain, et qui plus est présent sur les listes de prix littéraires, utilisant des éléments fantastiques pour appuyer un propos aussi important que l’adolescence et l’écologie. Cependant, la promesse n’est pas, à mon sens, tenue.

En effet, il est tout d’abord difficile dans un cadre de roman qui touche au fantastique de ne pas exactement savoir où se passe l’histoire. Pour qu’un lecteur soit plongé dans un roman fantastique, selon moi, il faut savoir où se passe l’action, or dans le cadre d’Éden nous sommes à une frontière floue entre ce que l’on suppose être le Canada ou les États-Unis. Ce qui suit ne peut pas être intégré comme étant la vérité, le pacte de lecture[1] ne peut être respecté. Étant habituée aux romans fantastiques de fantasy anglo-saxons je n’ai pas compris et adhéré à cet esprit imaginaire qui a freiné mon immersion dans le roman.

Les personnages ne se sont pas fait une place dans mon esprit, je n’arrivais pas à les imaginer. N’étant pas pleinement dans le roman, se créer une image des personnages est très difficile. Nita a de nombreux amis dans le roman mais je n’ai réussi à en apprécier et comprendre que certains et notamment le groupe de filles travaillant au bar Hollywood. Elles représentent également une part majeure de l’histoire et j’ai trouvé qu’elles apportaient réellement une complexité à l’histoire.

Le cadre du roman est également très flou et le lecteur n’a pas la sensation d’être au cœur d’une réserve amérindienne mais plutôt dans une petite bourgade où un groupe de personnes s’isole car il n’est pas accepté du reste de la population. L’idée de l’autrice de situer son roman dans une réserve était une bonne idée afin de mettre en place l’esprit fantastique du roman car les Amérindiennes sont très proches de la forêt et de ce qu’elle représente. Toutefois, le cadre du roman étant trop peu détaillé, c’est une nouvelle déception.

Un des thèmes du roman est bien développé et il s’agit de l’adolescence. En effet, l’adolescence est un thème récurrent dans les romans de Monica Sabolo et elle parvient à bien mettre en scène les conflits avec les parents, avec les amis mais aussi les premiers émois et la loyauté que peuvent se témoigner ces adultes en devenir.

 

Le roman de Monica Sabolo est donc pour moi un roman en demi-teinte. Ma lecture ne m’a pas transcendée et a accumulé quelques déceptions. La fin m’a laissé perplexe car elle ne donne pas de réponse sur tout ce qui se passe dans le roman. Cet avis personnel va en contradiction avec ce que la presse a dit d’Éden puisqu’il a été beaucoup apprécié sauf pour LIRE et son court article dénonçant un roman raté et qui s’éloigne trop de ce que faisait la romancière auparavant. Je dirais toutefois que Monica Sabolo peut encore nous surprendre et le fera certainement dans les années à venir.

Retrouvez le compte-rendu de la réception d’Éden vu par les professionnels dans l’article Éden, le dernier roman de Monica Sabolo.

[1] Accord implicite entre l’auteur et le lecteur qui s’engage à croire à tout ce que l’auteur va raconter dans son livre.