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Le Ghetto intérieur impressionne les lecteurs

Il faisait partie des rares romans à être dans la course pour les trois plus grands prix littéraires français : le Goncourt, le Médicis et le Renaudot. En novembre, Le Ghetto intérieur de Santiago Amigorena, publié aux éditions P.O.L, est reparti bredouille. Dixième roman de l’auteur français, Le Ghetto intérieur a pourtant été, dès le départ, l’un des favoris de la presse et du public. 

L’histoire de Vicente Rosenberg, Juif polonais exilé en Argentine en 1928 et témoin des atrocités commises par les Nazis, qui envoient sa mère mourir dans le camp de Treblinka II, a bouleversé critiques littéraires et lecteurs anonymes. Les questions d’appartenance, d’identité et de culpabilité de ceux qui ont échappé à l’extermination rythment Le Ghetto intérieur. 

Dès le mois de juillet, les premiers articles présentant Santiago H. Amigorena et son nouveau roman sont publiés, notamment dans les magazines Les Inrockuptibles ou L’Obs. Extrêmement positifs, ces papiers prennent généralement entre un tiers de page et une page entière : la photo de Santiago Amigorena est mise en valeur, tout comme les mentions de sa carrière parallèle de scénariste, sa vie privée, et l’ambition de son Œuvre littéraire (tous les romans de l’auteur font partie d’un projet autobiographique intitulé Le Dernier Livre).

Les mois de septembre et octobre sont par la suite les plus prolifiques dans la presse pour Le Ghetto intérieur, avec la parution de dossiers et d’interviews, une couverture pour le magazine littéraire Le Matricule des Anges, et une place de choix dans les « favoris » des critiques littéraires des grands magazines français, du Monde à Libération, en passant par l’Humanité ou encore Le Figaro, Livres Hebdo ou Le Point. Au delà des lignes éditoriales, chaque titre évoque la simplicité, la beauté et la puissance de l’écriture de Santiago H. Amigorena, les journaux lui réservant par la même occasion ses premières pages. 

Bien que loin d’enregistrer les mêmes ventes qu’Amélie Nothomb pour Soif ou Emma Becker pour La Maison, Santiago H. Amigorena est à cette période très présent dans les médias audiovisuels, notamment en apparaissant chez Laurent Ruquier dans son émission On est pas couché le 26 octobre 2019, chez Guillaume Erner dans la matinale de France Culture L’Invité des Matins, et en réalisant une vidéo de présentation avec Les Inrockuptibles. Plus généralement, dans la presse nationale et régionale, Le Ghetto intérieur est mis en avant dans la course aux prix littéraires. Du côté des blogs, tout comme dans la presse, la critique est unanime : Le Ghetto intérieur est un livre important, autant sur le plan historique que psychologique et littéraire. 

À partir des remises des Prix Goncourt, Renaudot et Médicis en novembre, la dynamique change pour Santiago H. Amigorena et son roman. Écarté dans les derniers jours avant les délibérations, Le Ghetto intérieur est à partir de ce moment présent d’une manière différente à travers les médias, et notamment la presse. Les journaux et magazines nationaux vantent toujours autant les mérites du roman, mais dans des articles moins imposants ; Le Ghetto intérieur trouve sa place dans de nombreux « favoris » des libraires et critiques de 2019, des listes de cadeaux pour les fêtes de fin d’année, mais cette fois au milieu d’une dizaine d’autres titres. L’angle des articles change, Santiago H. Amigorena est moins mis en valeur, et l’accent est mis sur le résumé de son roman. Les photos de l’auteur se font plus rares également, au profit de la première de couverture du Ghetto intérieur. Les critiques déplorent que le roman n’ait pas été primé, ce dernier ayant malgré tout reçu le Prix des Libraires de Nancy, Le Prix des Lecteurs de Dinan, le Prix de la Renaissance Française, les Choix Goncourt de la Roumanie et de la Belgique, et ayant été nommé aux Prix Goncourt et Renaudot des lycéens et au Prix Goncourt de la Pologne.

Dans le même temps, et ce jusqu’à janvier 2020, Le Ghetto intérieur est mentionné dans des articles de la presse régionale, Santiago H. Amigorena faisant un tour de France des librairies pour promouvoir son roman. Classé 60e sur 100 dans les meilleures ventes de janvier 2020, le dernier roman de l’auteur français est globalement une réussite pour les éditions P.O.L, qui signent un texte important pour la mémoire des victimes de la Shoah.

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