© Philippe Matsas

On n’est plus les mêmes après avoir lu La Discrétion de Faïza Guène

Un ouvrage qui parle par lui-même. Il s’agit d’un roman qui n’a pas besoin d’une grande publicité pour acquérir sa valeur ou susciter l’envie de le lire.

Écrivaine d’une littérature dénommée « populaire », Faïza Guène se distingue par un style d’écriture dépouillé, transparent et libre de toute recherche de feinte. La tendresse du langage habite chez elle et cela se reflet dans ses mots. Seulement quelqu’un comme Guène peut manier la langue d’une telle manière, qu’elle puisse mettre en évidence des situations d’horreur, de violence sans traumatiser personne. Elle nous fait simplement ouvrir les yeux et nous prends gentiment de la main pour qu’on s’aperçoive des mondes et des réalités dont on n’en avait jamais entendu parler.

Effectivement, c’est peut-être la clarté de ses mots ce qui attire tout type de public. Cela n’est pas fortuit pour cette auteure ayant le propos de créer une littérature accessible, qui nous ressemble et à la fois nous rassemble. En effet, étant donné qu’on vit dans un monde où les restrictions abondent, cette romancière n’a pas tort de se pencher pour des œuvres universelles, sans frontières ni limites. Ses récits rendent ainsi visible la vie quotidienne des êtres humains en chair et en os, s’adressant aussi, à lecteurs en chair et en os. Par conséquent, ses œuvres finissent par être tous comme son dernier roman La Discrétion, un hommage « à toutes nos mères, à tous ceux qui sont morts de discrétion ».

À mes yeux, La Discrétion s’agit d’un roman qui mérite du succès. Il réunit toutes les qualités nécessaires pour lui conférer des prix littéraires. Cependant, il faut ne pas oublier qu’il s’oppose, d’une certaine manière, à un système peu humain, un marché du livre géré par les canons, les chiffres d’affaires, complètement subordonné par un conflit d’intérêts qui vont au-delà des propos littéraires. Ce qui peut expliquer le fait que les médias ne parlent autour de sa publication et qu’il n’existe encore un phénomène « Guène ».

Toutefois, avec et malgré cela, il est certain que le sixième roman de Faïza Guène laisse une trace chez le lecteur, une empreinte pour reconstruire l’Histoire qui s’est fragmentée en mille morceaux. C’est un récit vivant qui apparaît dans une époque où l’on peut constater la nécessité de créer une littérature qui ne stagne plus sur les étagères des luxueuses bibliothèques. L’urgence de produire des livres qui n’existent que pour décorer, prendre la poussière, voire devenir une cale de lit, est tout à fait imminente ! Il nous faut une littérature qui vive, qui respire, qui bouge, qui agisse dans l’inconscient collectif et La Discrétion de Faïza Guène en est un bel exemple, puisqu’il paraît que l’on n’est plus les mêmes après l’avoir lu.

 

Voir aussi: Une critique discrète sur La Discrétion de Faïza Guène