Les presses francophone et anglophone s’accordent : bien que le premier roman de Kate Reed Petty soit un thriller addictif, son style est original et déconcertant. Entre les différents types de narration explorés et les différents genres explorés, True Story retrace la confusion et l’incohérence du traumatisme.
La pluralité des genres
Le récit de Kate Reed Petty navigue entre plusieurs genres, ce qui le rend difficile à classer. Bien qu’il soit qualifié de thriller, True Story commence par un script d’horreur, avant d’enchaîner immédiatement par un récit d’apprentissage, où des lycéens découvrent l’amour, l’alcool, l’amitié. Mais ce beau tableau est vite éclipsé par la confession terrifiante de deux joueurs de crosse : ils clament avoir abusé d’une jeune fille sur la banquette arrière de leur véhicule. Tout au long du roman, les différents genres s’enchaînent, entre horreur, thriller, fantastique, roman d’espionnage… Le lecteur tangue, incertain, jusqu’à la fin du roman, suivant le chemin tracé par le traumatisme d’Alice et de Nick.
C’est d’ailleurs ce que souligne la presse anglophone. Entre la couverture anglaise qui met en avant ces différents genres, et l’article du New York Times[1], cette pluralité des genres est mise en avant et grandement appréciée des critiques. En plus de cela, la presse américaine s’intéresse tout particulièrement au contenu de l’œuvre : dans ce même article du New York Times, l’autrice lie le roman de Kate Reed Petty à un témoignage de Chanel Miller, victime d’un viol très médiatisé. La réflexion du récit sur la culture du viol est donc mise en exergue dans la presse américaine.
Des modes narratifs déconcertants
Cependant, dans la presse française, c’est plutôt l’inconstance des modes narratifs qui est relevée. Qualifiés de déconcertants, ces modes narratifs (scripts de courts-métrages, narration conventionnelle à plusieurs personnes, brouillons de dissertation, et brouillons d’e-mails) sont ce qui a le plus retenu l’attention de la presse française. Ces modes narratifs changeants sont une façon pour Kate Reed Petty d’exprimer la difficulté pour ses personnages de trouver la manière de raconter le traumatisme qu’ils ont vécu.
La presse francophone est tout de même moins intéressée par ce roman que la presse anglophone : bien que quelques articles détaillés soient apparus dans la presse spécialisée (Lire, Livres Hebdo, Actualitté), une grande majorité des articles existants n’est que superficielle, donnant un court résumé du roman sans proposer une analyse profonde du récit.
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True Story, de façon unanime, est considéré comme une lecture déconcertante. Elle demande beaucoup d’adaptation au lecteur par la pluralité des modes de narration, mais elle en vaut certainement la peine selon les critiques : la réflexion menée sur l’importance de la forme transparaît, ainsi que sur le rôle de cette forme dans la narration du traumatisme.
True Story, Kate Reed Petty, Gallmeister, 2021.
[1] Article disponible ici.