Quitter les monts d’automne pour une destination inconnue, c’est faire un voyage qui peut s’avérer aussi calme que tempétueux, mais dans tous les cas merveilleux.
Un univers unique
La jeune Kaori, dernière d’une grande lignée de conteurs, rêve de faire perpétuer la tradition familiale, mais le destin s’acharne sur elle et met entre ses mains un objet interdit. La vie est belle, mais cruelle, dans cet univers où l’écriture est une chose proscrite et condamnable de la peine capitale. Ironie du sort, cette histoire est racontée dans un livre.
Dans cette œuvre parue en 2020 chez Albin Michel, Émilie Querbalec réussi une prouesse en unissant le space opéra et le japon de l’ère Heian avec autant de naturel. Même si l’on quitte rapidement cette ambiance asiatique rafraîchissante pour le voyage spatial, le chevauchement des deux genres offre un aspect novateur très appréciable et séduisant.
Une fausse épopée
Certes Kaori est l’héroïne de ce roman, qui raconte ses aventures à travers l’univers, au moyen d’une narration des plus poétiques. Mais ce personnage est loin d’être comme les grands héros du genre, guerriers invincibles et stratèges indéfectibles. C’est une frêle jeune fille que nous fait découvrir l’auteure, une fleur sans cesse balayée par le Flux, malmenée du début à la fin et à l’avenir incertain. Loin de nous faire partager l’épopée d’une leader, Émilie Querbalec présente au contraire la sensibilité, la fragilité, mais aussi dans un sens la force de ceux qui n’en ont pas. C’est l’envie de vivre, d’avancer, et surtout de savoir, qui motive ici le personnage.
Un suivi psychologique
Quitter les monts d’automne est un roman d’aventure, mais aussi une exploration de l’esprit et du corps d’une jeune fille pleine de doutes et de questions. La poésie du texte voit se glisser çà et là l’observation des sentiments de Kaori, qui grandit et évolue au fil des péripéties. Le mensonge, le viol, mais aussi la protection, l’amour, toutes ces choses qu’elle va connaître et subir vont la changer et faire d’elle quelqu’un d’unique. Pourtant, à force de partager ses pensées, on comprend qu’elle n’est qu’une simple personne qui cherche sa place dans ce vaste monde, pas si différente de nous. C’est à se demander si au travers de ce roman à la croisée des genres, l’auteure ne fait pas passer un message d’espoir.
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