© Calmann-Lévy éditeur

Angélique ou ne pas l’être : une quête de vérité derrière des masques

« Chacun n’a-t-il pas, au moins une fois dans sa vie, souhaité tuer quelqu’un ? » – Alfred Hitchcock

« Ça n’a pas été si difficile finalement. » – meurtrier (Page 140)

« Ce qui est terrible sur cette Terre, c’est que tout le monde a ses raisons. » – Jean Renoir

Ces citations extraites du roman reflètent bien la psychologie et l’ambiance du récit, c’est d’ailleurs ce qui m’a plu dans cette œuvre, à défaut du reste.

 

Un scénario intéressant

Avant Angélique, je n’avais encore jamais lu d’œuvres de Guillaume Musso. À la lecture de la quatrième, j’ai été curieuse de découvrir comment l’auteur allait gérer son intrigue, jouer avec la psychologie, le mystère et les retournements de situation.

Par ailleurs, l’intrigue se déroulant dans deux lieux géographiques différents – Paris et Venise –, le lecteur pouvait s’attendre à découvrir un aspect intéressant de l’œuvre sur ce point, ce qui n’est malheureusement pas le cas.

 

Un manque de cohérence et de consistance

« Il pensa à Stella Petrenko avec qui il partageait cette résistance envers et contre tout, cette capacité de se relever, même blessé, amoché, laissé pour mort. Il pensa à Angélique Charvet qui avait cru pouvoir forcer son destin et imposer sa chance. Il pensa à Louise, surgie d’un passé dont il ignorait tout, cadeau inattendu de la vie qui l’avait sauvé de l’enfer. La vision mentale du visage de sa fille l’apaisa et lui donna de l’espoir. Et c’est en laissant parler son cœur qu’il s’adressa à Lena. »

Cette citation résume bien l’ambigüité du texte : un manque de cohérence, mais un fort potentiel notamment dans les thématiques (la mort, la volonté de subsister malgré tout, mais aussi de changer son destin…). Mais de l’autre, on oublie que Stella a manipulé les personnes avec lesquelles elle avait des relations intimes avec l’aide d’un adolescent perturbé qui filmait les scènes de relations sexuelles. De plus, la fin de la citation sur Louise nous rappelle l’absence de cohérence et le manque de construction sur ce point de l’intrigue. L’auteur a tellement voulu créer des liens entre les situations et les personnages que cela devient irréaliste et absurde. Il aurait été très pertinent d’approfondir les thématiques intéressantes du récit (la psychologie, le meurtre…) afin de donner plus de consistance au récit, qui dans l’ensemble, est assez simple (mais à la fois tiré par les cheveux à certains moments).

Par ailleurs, il aurait été très intéressant de développer encore plus le côté insipide de l’existence humaine, l’insatisfaction de certains qui les poussent à faire certains choix. Évidemment, cet aspect est au cœur de l’intrigue, mais je pense qu’il aurait été pertinent d’aller encore plus loin. Par ailleurs, la chute arrive très vite. Cependant, ce point est à la fois positif et négatif. Négatif, car nous pouvons nous dire que nous avons lu une intrigue « tout ça pour ça ». Néanmoins, cela révèle bien la fragilité de la vie humaine, de son cheminement, tout peut basculer en un instant, positivement comme négativement. La fin peut être aussi insignifiante que l’existence, c’est ce que nous dévoile le destin d’Angélique malgré le fait qu’elle est tout fait pour élever sa vie selon ses propres critères. En cela, Angélique est sûrement le personnage le plus cohérent, le mieux construit de l’auteur, puisque même Louise possède des défauts en termes d’écriture, ou plus largement, cela rejoint le manque de cohérence dans l’intrigue.

« Un peu folle de vomir la médiocrité qui m’entoure et de m’y sentir prisonnière. Un peu folle de penser que la vie a une autre densité de l’autre côté de la barrière. » – Angélique (Page 110)

 

Angélique, Guillaume Musso, 2022, Calmann-Lévy
Prix : 21.90 € (13.99 € en numérique)

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