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Célèbre de Maud Ventura : la gloire ou la mort

Après un premier roman étourdissant, Maud Ventura revient en août 2024 avec Célèbre (l’Iconoclaste), un récit singulier et jubilatoire qui pose les jalons de son œuvre. 

Un deuxième roman audacieux

Avec un premier roman primé vendu à plus de 400 000 exemplaires et traduit dans plusieurs langues, Maud Ventura a lancé sa carrière d’autrice sur les chapeaux de roue. Attendue par ses lecteurs et lectrices, elle publie Célèbre aux éditions l’Iconoclaste lors de la rentrée littéraire de septembre 2024. Elle y décortique l’ascension vers la célébrité et l’obsession pour la gloire en immergeant son lecteur dans un univers impitoyable. Par un monologue intérieur vertigineux et déroutant, l’autrice nous donne accès aux pensées les plus intimes d’une femme peu ordinaire.

Célèbre à tout prix

Cléo le sait depuis qu’elle est enfant : elle sera une star. Deux seules voies possibles, la célébrité ou la mort. En grandissant, elle affine son projet : elle sera chanteuse, la plus célèbre icône de la pop internationale. Si les autres ont des doutes sur son succès, elle n’en a aucun. Pour arriver au sommet, elle est prête à tout, à écraser ceux qui l’entourent et à s’entailler les veines à chaque erreur. Maud Ventura mène son héroïne au sommet, avant d’entamer sa chute.

Une anti-héroïne surprenante

Le personnage de Cléo fait la qualité du roman. Si certains lecteurs et lectrices la haïssent, d’autres la comprennent et voient en elle leurs propres failles. Cette anti-héroïne ni toute blanche ni toute noire renvoie aux lecteurs leurs vices. Les scènes d’automutilation apportent quant à elles une profondeur psychologique et une ambiguïté au personnage. Elle est à la fois l’enfant capricieuse et l’adulte tortionnaire. L’autrice développe également des réflexions intéressantes sur le processus de création, sur le fait d’être dépossédé de soi et de son œuvre, de s’enlaidir et de se dévoiler sous son pire jour pour créer. L’écriture de Maud Ventura, tranchante et fluide, participe grandement à la qualité du roman.

Quelques lourdeurs…

Si Célèbre de Maud Ventura a été une très bonne lecture, satisfaisant mes attentes d’une écriture acide, maniant le sarcasme et dressant le portrait d’un personnage plein de surprises, quelques points me conduisent à nuancer mon jugement. Tout comme celle de Mon mari, la couverture de Célèbre donne l’illusion d’un roman puisant dans un substrat historique et non pas contemporain. Concernant le contenu même du roman, l’autrice théorise et pose les fondations de son récit. Elle énumère des vérités générales et des faits sur lesquels bâtir son histoire. Cela conduit parfois à des lieux communs et à des lourdeurs gênant la lecture.

Une lecture sous tension

Maud Ventura fait à nouveau parler une narratrice interne sociopathe à laquelle elle insuffle un esprit tordu et antipathique. L’autrice mêle un humour noir et incisif à une écriture qui ose explorer les sujets tabous et les pensées les plus intimes. Elle dessine ainsi la trajectoire et l’ascension fulgurante et fatale de son anti-héroïne vers la célébrité.

 

Célèbre offre ainsi une expérience de lecture toute particulière. Facilement happée par le récit, je me suis laissée surprendre, et ce, jusqu’à la révélation finale

 

Célèbre de Maud Ventura, éditions l’Iconoclaste, 2024.