© P-O.Deschamps, agence VU’

Comédies Françaises : les destins entremêlés

C’est en 2013, dans une brève publiée par Libération qu’Éric Reinhardt réalise que l’invention d’Internet n’a été possible seulement à partir des travaux d’un ingénieur français, Louis Pouzin. L’auteur était persuadé, comme tout un chacun, qu’Internet avait été créé par les Américains.  Il raconte dans l’émission la Grande Librairie :

« Je suis tombé sur une brève dans Libération annonçant qu’un ingénieur français, Louis Pouzin, allait être décoré par la reine d’Angleterre pour avoir été l’un des pères d’Internet […]. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pour quelles raisons dans ce cas n’avons-nous jouer aucun rôle dans la naissance d’Internet ? Et pourquoi nous jouons aujourd’hui un rôle si mineur ? »

Quelques semaines plus tard, il rencontre Louis Pouzin qui lui confie que c’est l’entourage de Valéry Giscard d’Estaing qui a mis un terme aux recherches concernant le datagramme, l’invention de l’ingénieur. C’est de ce fameux datagramme dont les Américains se sont servis pour créer Internet. C’est sous les pressions d’Ambroise Roux, grand patron et directeur de la Compagnie générale d’électricité pendant presque vingt ans, que ces recherches furent abandonnées.

Comédies Françaises est un roman où les destins se croisent et se ressemblent. D’emblée, le lecteur comprend le destin tragique qu’est réservé à Dimitri. En effet, sur la première page se trouve sa nécrologie : il est mort dans un accident de voiture avec sa compagne à 27 ans. Cet âge précis, vingt-sept ans, n’est pas sans rappeler le mythe autour club des vingt-sept. Ce club répertorie des musiciens, artistes ou acteurs populaires qui, comme Dimitri, ont été fauchés au jeune âge de vingt-sept ans. On y compte Jimi Hendrix, Kurt Cobain ou encore Amy Winehouse. Ce phénomène culturel implique qu’il y aurait une sorte de malédiction, de destin tragique entourant cet âge.

Dès le début du livre, on comprend que le destin va être quelque chose d’important dans cette histoire. Le lecteur suit les pérégrinations de Dimitri alors qu’il rencontre une jeune femme dans les rues de Madrid. Puis il la rencontre une deuxième fois, puis une troisième. Dimitri réfute lui-même que ces rencontres soient dues à la chance, il nous répète cet adage d’André Breton « Il faut en finir avec le hasard ».

Un destin funeste

L’endroit de la mort de Dimitri n’est pas un hasard : il décède entre Trégastel et Lannion. Trégastel est la ville où Ambroise Roux possédait une résidence secondaire et Lannion est la ville où s’est implanté le Centre Nation d’Etudes des Télécommunications dans les années 60.  C’est à cause de son enquête sur les télécommunications que Dimitri s’est rendu en Bretagne. Alors qu’il venait voir la résidence secondaire du « prince des affaires » de ses propres yeux, il fait la rencontre de sa fille qui l’invite dans son domicile par un coup du hasard, ou peut-être encore une fois du destin. Après cette entrevue, Dimitri et sa compagne partent sur la route. Le roman se termine là où il a commencé… C’est par cette mort que l’on voit que le destin de Dimitri est intrinsèquement lié à celui de l’Internet français : il meurt dans le fief de celui qui a tué le datagramme.

Les destins personnels et internationaux s’entrelacent et s’emmêlent dans une issue tragique.