« On s’enfonce dans la boue et le sang, les corps sauvages se traquent et ne savent pas s’aimer. » Le Figaro.
Cette phrase, très pertinente, retranscrit en quelques mots seulement tout l’aspect sale, dur, primitif et violent de l’histoire écrite par Jean-Baptiste Del Amo : Le fils de l’homme.
Le Fils de l’homme est ce que l’on peut appeler un huis clos à ciel ouvert (terme de l’auteur) très oppressant et effrayant qui nous plonge dans une cellule familiale soumise à la toxicité d’un père, à la transmission de la violence et à la notion de survivalisme.
Un travail remarquable
Cette œuvre, dont le titre évoque indéniablement un aspect biblique (que l’auteur, au cours d’interviews, a expliqué ne pas avoir eu l’intention de mettre en avant), est réellement passionnante et d’une fluidité exemplaire.
À travers cette histoire, l’auteur fait preuve d’une maîtrise parfaite du suspense dans un thriller psychologique qui nous plonge au plus profond des ténèbres de l’humanité. Un des aspects appréciable du roman est le fait que l’histoire soit à la fois très simple et très complexe. Les symboliques omniprésentes (comme la métaphore de la reconstruction/destruction de la maison et de la famille) dans ce drame sordide et la façon dont la transmission de la violence est abordée dans le roman, permettent d’interroger les zones d’ombre de notre humanité. L’auteur nous expose une violence mythologique, archétypale et anthropologique qui se transmet depuis toujours et qui perdure.
Une autre particularité de ce roman qui en fait une œuvre originale et bluffante est le fait que la place de la nature y est tellement importante (notamment car la quasi totalité de l’histoire se passe en pleine forêt) que l’auteur en fait un personnage à part entière.
Jean-Baptiste Del Amo a fait un travail remarquable puisqu’il a réussi à amener ses lecteurs au cœur de son histoire sans jamais aller trop loin pour ne pas tomber dans l’exagération. Les détails dans cette histoire sont nombreux et toujours précis, mais ils ne sont jamais superflus. Absolument tout, dans ce roman, a son importance et les scènes les plus répugnantes sont décrites avec une précision telle que l’on s’y croirait réellement. Les émotions ressenties lors de la lecture ne font que prouver la qualité du formidable travail de Jean-Baptiste Del Amo.
Le Fils de l’homme est une histoire qui parfois nous bouleverse, puis nous effraie et plus que tout : nous intrigue énormément. C’est un roman qui marque véritablement son lecteur et pour longtemps.
Le fils de l’homme de Jean-Baptiste Del Amo, Gallimard, 2021
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