Crédits Photo : John Rocha

Le Mal Joli : l’anatomie de la passion

            Dès sa sortie en août 2024, Le Mal Joli, dernier roman d’Emma Becker, s’est imposé comme une œuvre marquante de la rentrée littéraire. Entre couverture médiatique intense, critiques élogieuses et jugements acerbes, cette autofiction, qui oscille entre passion amoureuse et maternité, a suscité des débats passionnés dans les milieux littéraires et médiatiques.

            Le début de la médiatisation du roman a été marqué par un accueil enthousiaste. Beaucoup de médias ont salué l’écriture audacieuse d’Emma Becker et son aptitude à explorer des thèmes délicats tels que le désir féminin, l’adultère, et les tensions sociales. Le ton intime et provocateur du roman a particulièrement séduit les critiques, qui l’ont comparé à des classiques. Dans un dossier thématique, Lire Magazine a mis en avant la manière dont Emma Becker donne une voix libérée au désir féminin, confirmant son statut de figure littéraire contemporaine.

            Cependant, à mesure que la rentrée littéraire avançait, les avis ont commencé à diverger. Si certains louaient encore la profondeur émotionnelle du récit, d’autres ont exprimé des réserves, voire des critiques virulentes. Une chronique pour le Figaro a qualifié le roman de « telenovela brésilienne », regrettant une intrigue répétitive et une écriture qu’il jugeait prétentieuse. Ces voix discordantes ont souligné un certain essoufflement narratif et une absence de renouvellement dans les thèmes abordés par l’autrice.

            Malgré une nomination pour le prestigieux prix Femina, Emma Becker n’a pas remporté de grande distinction cette année, échouant d’une voix face au Rêve du Jaguar de Miguel Bonnefoy. Une consolation demeure : Le Mal Joli a fait parler de lui et de son autrice.
Outre la presse, les émissions de radio ont joué un rôle clé dans la promotion de Le Mal Joli. Des chroniques ont mis en lumière les aspects philosophiques et intimes du roman. Les entretiens radio ont permis à Emma Becker de défendre son travail et d’expliquer sa vision de la passion, qu’elle décrit comme une expérience mystique et destructrice, mais fondamentalement humaine.

            Le Mal Joli n’est pas qu’un roman, c’est un phénomène littéraire explorant des thèmes universels à travers un prisme résolument moderne. Si son retentissement semble s’étioler à l’approche de la nouvelle année, l’œuvre d’Emma Becker continue de résonner, posant des questions fondamentales sur le désir, l’amour et les contradictions de la féminité contemporaine. Qu’on l’admire ou qu’on le critique, Le Mal Joli ne laisse personne indifférent, et c’est peut-être là son plus grand succès.

Le Mal Joli d’Emma Becker, Albin Michel, 2024.