Avec Mon cher mari, la macédonienne Rumena Bužarovska fait son entrée dans le paysage littéraire français.
Une presse conquise
Les avis sont assez unanimes dans la presse qui a a été conquise par ce recueil tragi-comique et sarcastique. Il s’agit d’une belle surprise, d’un recueil de nouvelles coup de poing dont la lecture a souvent été appréciée. S’il est indéniable que les journalistes et critiques aient été conquis par le fond, il semble également évident que ce recueil traduit du macédonien et visant à critiquer la vie conjugale ait pu plaire par son originalité et son caractère inédit. En effet, il s’agit de la première œuvre traduite du macédonien au sein du catalogue des éditions Gallimard, mais également de la première œuvre de Rumena Bužarovska traduite en français.
Mais des lecteurs plus pointilleux
Toutefois, l’avis des lecteurs diverge quelque peu de l’avis de la critique et de la presse. De fait, même si les avis sont majoritairement positifs, on retrouve également quelques avis négatifs. En effet, la crudité du texte a parfois laissé perplexes les lecteurs. D’autres, frustrés, se plaignent plutôt du format, jugeant chaque nouvelle trop courte, et les chutes trop abruptes. On peut aussi relever certaines remarques quant à l’aspect caricatural des personnages et des histoires. Il est vrai que chaque nouvelle de Mon cher mari peut paraître tout droit sortie des années 50, mais il faut évidemment prendre du recul au cours de sa lecture. Certains lecteurs ont également pu trouver l’humour trop cynique ou encore les sujets abordés parfois trop sensibles.
Un succès à l’international
Rumena Bužarovska a été élue l’une des jeunes auteurs européens les plus prometteurs en 2016. La même année, elle a également été nommée parmi les 10 New Voices From Europe 2016, une sélection proposée par le projet Literary Europe Live qui fait partie du programme Literature Across Frontier, initiative lancée en 2015 avec le soutien du Creative Europe Programme de l’Union Européenne dont le but est de valoriser et d’encourager une programmation qui reflète la richesse et la diversité du paysage littéraire européen, et qui a permis à l’autrice de se faire connaître en Europe grâce à une aide de soutien promotionnel. Par ailleurs, Mon cher mari a été traduit dans pas moins de 10 langues et a fait l’objet de 23 éditions différentes, dont rééditions.
Même si plus discret en France
Rumena Bužarovska est une écrivaine qui a d’autant plus de mérite du fait qu’il est difficile de se faire
remarquer lorsque l’on vient d’un pays de deux millions d’habitants, qui a pris son indépendance il y a moins de quarante ans et vie encore dans l’ombre de la Yougoslavie. D’autant plus que la nouvelle est un genre encore peu populaire dans le monde, à l’exception de la sphère anglo-saxonne. Pourtant, l’autrice macédonienne a pris ce pari risqué, pari que l’on peut considérer gagné puisque Mon cher mari a été traduit dans pas moins de 16 pays et a remporté plusieurs prix.
Même si Mon cher mari n’a pas été en liste pour des prix littéraire français et n’a pas fait grand bruit au milieu de cette rentrée littéraire 2022, il en reste qu’il s’agit d’une belle entrée dans le monde littéraire français pour Rumena Bužarovska, et l’on ne peut qu’espérer que d’autres traductions de ses œuvres suivront.
Mon cher mari de Rumena Bužarovska, Gallimard, 2022.
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