Mon cher mari est un recueil de onze nouvelles écrit par Rumena Bužarovska et traduit du macédonien par Maria Bejanovska, publié le 8 septembre 2022 aux les éditions Gallimard. Il s’agit de la première œuvre de Rumena Bužarovska traduite en français et dans laquelle l’autrice macédonienne la voix à onze femmes qui se livrent sans tabou sur les vices de leurs maris et la désintégration de leur mariage.
Un plongeon au cœur de la vie conjugale, pas toujours joyeuse…
Mon cher mari se constitue d’une mosaïque d’histoires tragi-comiques aussi maîtrisées que percutantes et qui égratignent notre société patriarcale avec une galerie de personnages, plus loufoques, pervers et malhonnêtes les uns que les autres. Ce recueil est aussi jubilatoire que malaisant, provocant, dérangeant. Chaque nouvelle semble former la pièce d’un puzzle mettant en lumière les artifices du mariage. De cette façon, Mon cher mari permet d’appréhender la société macédonienne à travers le prisme de la vie conjugale et familiale. Les chutes sont toujours inattendues et savoureuses, laissant quelques fois sur sa faim tant on en voudrait encore.
Une plume maîtrisée, pleine d’humour et de cynisme
Parée d’une plume rythmée et percutante et d’un humour grinçant et cynique, Rumena Bužarovska met ainsi en évidence des non-dits, révèle la difficulté du mariage et de la vie conjugale. Rumena Bužarovska se fait chirurgienne de l’intime, du détail même le plus banal, préférant la crudité à l’aménité pour disséquer l’usure fatale du couple. L’autrice pointe ainsi la place de la femme en Macédoine du Nord, remettant en cause le contrôle des hommes sur les femmes et leurs corps, les traditions et les normes et enfin, la banalité conjugale qui fait perdre la tête autant aux épouses qu’aux époux.
Une subtile critique de l’institution du mariage et du couple
Rumena Bužarovska dévoile de cette manière les coulisses de la vie conjugale, un jeu dans lequel maris et épouses ne font pas la paire mais se déchirent, où le foyer devient témoin de la haine cachée que se vouent hommes et femmes. Mon cher mari raconte la monotonie, la routine, l’uniformité ennuyeuse dans laquelle tombe les couples une fois la phase de la lune de miel passée. Lorsque le mariage perd tout son charme, que les masques tombent, les maris comme les épouses se montrent sous leurs plus mauvais jours – alcoolisme, violences, insultes, tromperies – tout éclate au sein du foyer et personne n’est en reste, même les enfants. En mêlant à la fois le tragique et le comique, l’autrice macédonienne met ainsi en avant les diktats aliénant à la fois les femmes et les hommes à travers l’institution du mariage et du couple.
Drôle, intelligent, mais aussi provocateur, ce recueil démontre avec brio les compétences qui ont fait de Rumena Bužarovska l’une des meilleurs auteurs contemporains de nouvelles en Macédoine du Nord.
Mon cher mari de Rumena Bužarovska, Gallimard, 2022.
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